" Le fleurissement, porte d'entrée po ur développer le tourisme "
En 2001, Christian Gadras a été recruté par le maire de Lectoure (32), Gérard Duclos, et son adjointe à l'environnement, Martine Mazères, pour diriger le service des espaces verts et de la propreté de cette cité située sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sa feuille de route : amener la ville à atteindre les 4 fleurs du Concours national des villes et villages fleuris. C'est chose faite depuis 2014 !
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Pour la ville de Lectoure, le tourisme représente un atout économique important. Station classée de tourisme, station verte, ville étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, la cité française est très riche en termes de patrimoine. Elle compte quelques bâtiments du Moyen-Âge et beaucoup de bâtisses des XVIIe siècle et XVIIIe siècle, neuf monuments classés ou inscrits, une enceinte fortifiée de 3,2 kilomètres... Elle s'inscrit aussi dans un territoire très prisé par les touristes, grâce à ses paysages, sa gastronomie, son climat... Au début des années 2000, l'équipe municipale a souhaité renforcer cet attrait en s'appuyant notamment sur les espaces verts et le fleurissement. Situé le long de la nationale 21 entre Agen (47) et Auch (32), Lectoure ne devait pas être seulement un lieu de passage, il fallait donner envie aux gens de s'y arrêter pour découvrir la cité et que cette visite reste gravée dans leur mémoire...
- Susciter des réactions face aux travaux des jardiniers. Fort de ses expériences précédentes dans d'autres collectivités, Christian Gadras a su, dès sa prise de fonction, insuffler une nouvelle image au fleurissement assez traditionnel jusque-là. « Le but était d'attirer l'oeil, de provoquer des réactions, favorables ou défavorables, mais que personne ne reste insensible au travail des jardiniers. Les habitants n'étaient pas habitués aux réalisations par thèmes, aux volumes, à la diversité des espèces, aux massifs monochromes, événementiels. Les massifs blancs monochromes aux portes de Saint-Gény ont été particulièrement appréciés et sont depuis renouvelés chaque année. » Il s'agissait aussi de motiver l'équipe de jardiniers, dont la majorité n'a pas de qualification particulière en espaces verts, et de montrer un savoir-faire. Cette première étape a permis d'entrer dans le concours de fleurissement avec une première fleur en 2003, et de progresser rapidement. La troisième fleur a été obtenue dès 2006. Parallèlement, la municipalité a misé sur une politique d'aménagements : création de nouveaux espaces verts comme le verger des écoliers en partenariat avec le secteur scolaire, réaménagement des espaces existants (places, rues, parkings). L'enjeu est de mieux mettre en valeur le patrimoine, de recadrer les zones de stationnement (parkings délimités, sécurisés et intégrés dans la végétation), de restituer la nature en ville, d'aménager des lieux de promenade avec des fenêtres de découverte et des points de vue sur la campagne...
- Le service des espaces verts et propreté gère tout l'aspect paysager. Les premiers réaménagements ont été réalisés en régie afin de recréer des jardins de caractère en rapport avec l'historique des bâtiments auxquels ils se rattachent. « Le fleurissement est devenu une porte d'entrée pour développer le tourisme. Ce fil conducteur a guidé toutes les réalisations suivantes, poursuit Christian Gadras. Nous travaillons avec le service du patrimoine pour les recherches sur l'histoire des bâtiments, les différentes époques. Beaucoup d'espaces verts ne participaient pas à la mise en valeur du bâti, voire dans certains cas les styles étaient complètement en décalage, comme des colonnes de style romain devant une maison moyenâgeuse. Pour les grands aménagements qui comprennent voirie et réseaux, l'étude globale est confiée à un bureau d'architectes, mais toute la partie paysagère nous revient : tracé ou modification des allées, choix des matériaux, des plantations, des décors... Par exemple, Cours Gambetta, le chemin piétonnier a pris place derrière les massifs pour sécuriser le circuit et s'inscrire dans un espace ombragé bordé de noisetiers, un peu à l'image des chemins creux. Encore un peu plus en retrait, les places de stationnement sont masquées par la végétation et n'apparaissent pas des voies de circulation. »
Le service des espace verts s'entoure d'un personnel capable de s'adapter aux diverses tâches : conception, travaux en régie (arrosage, aire de jeux, soudure et travail du bois pour le décor...), ainsi que d'un tailleur de pierre au service maçonnerie. La construction de la fontaine du Cours Gambetta a pu être entièrement réalisée par les services techniques sans aucune prestation extérieure. « Nous n'avons pas forcément besoin de beaucoup de personnes qualifiées en horticulture et paysage. Ce qui est important c'est la complémentarité des compétences. Un agent a commencé des études aux Beaux-Arts ; cela nous est très utile pour animer nos décors. Un autre, passionné de rugby, apporte son savoir pour la gestion des stades... »
- Une production en régie, mais sans plein temps ! Le système D, la réutilisation ou le recyclage d'objets ou de matériaux de toutes sortes guident également l'inspiration : filets de ballon de foot pour rappeler des toiles d'araignées, conteneurs de récupération du verre comme support d'une mosaïculture représentant un melon géant... Le portail de Saint-Gény entrouvert, qui marque désormais l'entrée de la ville en venant d'Auch, a été débusqué dans les greniers des services techniques. Réhabilité, il a servi de base à l'aménagement ; un pilier et une partie de mur en pierre ont été construits. Ce portail invite symboliquement les visiteurs à entrer dans la ville. En quinze ans, le service des espaces verts est passé de neuf à dix-sept personnes. Il assure la production des plantes annuelles à partir de végétaux en micro-motte grâce à l'installation de tunnels de culture. Les jeunes plants sont généralement empotés fin mars pour une mise en place à partir de la deuxième quinzaine de mai. Il n'y a pas de personnel à plein temps à la production, le travail se fait en fonction des disponibilités et de la météo. Christian Gadras cherche à optimiser la main-d'oeuvre autant que possible : « Lors du remplacement de la balayeuse, nous avons choisi un modèle avec 1 500 litres de réserve d'eau. Ainsi, l'agent chargé du balayage assure dans le même temps, en périphérie de la ville, l'arrosage des bacs et jardinières ».
La tempête Klaus, en janvier 2009, a détruit la majorité des marronniers de l'esplanade des Bastions. Les travaux de replantation ont été effectués entièrement en régie : arrachage, préparation des fosses, plantation des nouveaux sujets, ancrage des mottes, tuteurage. Très lourds, puisqu'il a fallu replanter cinquante-deux marronniers d'Inde de taille 40/45, ils ont beaucoup mobilisé les équipes, sans tenir compte des imprévus comme la mauvaise qualité des mottes sur le dernier lot de plantes, suite au dégel. Mais pour Christian Gadras « cette organisation a permis de penser et d'anticiper l'entretien. Ces plantations ont été équipées d'un arrosage enterré et de sondes tensiométriques pour une gestion au plus près des besoins et une économie d'eau ».
Comme toutes les collectivités aujourd'hui, Lectoure s'attache à limiter les impacts sur l'environnement. Au niveau des produits phytosanitaires, des mesures simples peuvent souvent s'avérer les plus efficaces dans un premier temps. « À mon arrivée en 2001, le désherbage des trottoirs était réalisé préventivement avec un pulvérisateur de 400 litres, monté sur un tracteur. Cette façon de faire a été abandonnée au profit de traitements foliaires en cours de saison uniquement, là où cela s'avérait nécessaire. De plus, nous n'utilisons plus que des pulvérisateurs manuels de 5 ou 10 litres, pour mieux cibler les mauvaises herbes et ne pas inciter au gaspillage de bouillie. Cela permet de réduire très fortement l'usage des herbicides chimiques. Difficile à faire comprendre au départ aux agents, le message sur les dangers des produits phytosanitaires est à présent bien intégré. Les terrains sportifs sont, depuis cette année, passés au « zéro phyto » à la demande de l'agent d'entretien de cette zone, dès son retour d'une formation Écophyto. Tout le centre-ville, dont le sol est imperméable, est sans désherbant (intervention avec la balayeuse, le rotofil et manuellement).
- Respecter la flore et la faune à travers de multiples actions. L'autre point essentiel de la politique environnementale est la protection de la biodiversité de proximité. Les espèces et variétés plantées en massif (arbustes, vivaces et plantes annuelles) y contribuent de par leur large palette, ainsi que les zones fauchées, les prairies fleuries et les haies champêtres qui attirent les insectes et les oiseaux, lesquels sont essentiels pour la lutte biologique et la pollinisation. De même, le verger des écoliers, planté il y a une dizaine d'années avec les élèves des écoles primaires, sert de support pédagogique à un jardin respectueux.
Axe également important : la propreté. Christian Gadras, éducateur canin à ses heures perdues, s'est attaché à réduire les nuisances canines. Dès 2012, en partenariat avec l'AFIRAC (Association française d'information et de recherche sur l'animal de compagnie), un réseau de canisites a été installé dans la ville, intégré aux espaces verts, ainsi qu'un parc de détente pour que les propriétaires puissent laisser leur chien courir à leur guise.
- Lectoure était donc prête à accueillir le jury du concours national des villes et villages fleuris et à prétendre à la quatrième fleur. Le fleurissement 2014 a été conduit dans la lignée des actions les années précédentes. Un travail a été initié avec l'Office du tourisme pour rendre aux espaces verts leur juste place dans le patrimoine touristique de la ville et du territoire. Le thème développé, la gastronomie locale, était une rencontre entre le patrimoine historique et culturel, la découverte des saveurs et des recettes locales, l'agriculture et le savoir-faire des jardiniers. Un cheminement dessiné sur l'ensemble de la cité reliait les différents aménagements et massifs fleuris, chaque point traitant un aspect différent. Ainsi, sur le carrefour de la Croix rouge, chacun était amené à composer sous forme de rébus la recette du tourin à l'ail. Les boulangers et pâtissiers ont également mis la main à la pâte en proposant des recettes personnelles. Sur d'autres massifs, les produits régionaux ont été mis en avant : melons, vins, poule noire de Gascogne... Au-delà des coups de coeur sur le fleurissement, le jury a particulièrement relevé les efforts pour valoriser le tourisme et la capacité d'accueil.
Pour poursuivre et consolider ce niveau d'embellissement, les projets portent sur la réduction et le recyclage des déchets avec une approche pédagogique et ludique : création d'un poulailler dans une école, mise en place d'un site de compostage collectif dans un quartier en partenariat avec le syndicat mixte de collecte des ordures ménagères. La mise à disposition d'un terrain, - en vue de créer un potager pour les habitants avec un accompagnement des services techniques -, viendra s'ajouter au site de compostage.
Claude Thiery
La municipalité a misé sur une politique d'aménagements : création de nouveaux espaces verts, réaménagement des espaces existants (places, rues, parkings).
Des lieux de promenade ont été aménagés avec des fenêtres de découverte dans la végétation et des points de vue sur la campagne.
La ville a su recréer des jardins de caractère en rapport avec l'historique des bâtiments auxquels ils se rattachent.
Christian Gadras a su, dès sa prise de fonction, insuffler une nouvelle image au fleurissement en travaillant thèmes, volumes et diversité des espèces.
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