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“Une coque en mousse de polyuréthane autour des mottes”

Jean-Marie Siam, pépiniériste dans le Var, a mis au point une coque en mousse pour remplacer les bacs en bois. Facile d'utilisation et économique, elle permet de réduire les besoins en eau...

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Pépiniériste depuis 1993, Jean-Marie Siam est installé aux Arc-sur-Argens dans le Var. Sa pépinière, Clôture Verte, produit des plantes de pleine terre commercialisées en motte, dont des gros sujets : des palmiers, des lauriers roses, des arbres, des plantes de haie, des fruitiers, des oliviers… Les mottes, traditionnellement mises en place dans des bacs en bois cerclé, posaient des problèmes d'arrosage. Sous un climat souvent venteux et potentiellement très chaud, certaines espèces comme le laurier sauce ont des besoins en eau importants. Autre difficulté : la fabrication des contenants en bois. « Il fallait aussi fournir les douelles en bois, fabriquées par des scieries. Des ouvriers spécialisés taillaient la motte en cylindres réguliers autour des racines et réalisaient les bacs. Selon la taille et le sol, confectionner une motte prenait pas moins d'une heure. Tout ce travail me coûtait environ 140 euros par sujet… Nous faisions appel à deux Italiens, partis à la retraite, et depuis sept à huit ans, nous ne trouvions plus le personnel compétent pour réaliser ces tâches », souligne Jean-Marie Siam.

Depuis cinq ans, pour les gros sujets vendus en motte, il expérimente une technique qu'il a lui-même développée. « L'idée m'est venue il y a six ans lorsque j'ai vu une personne utiliser de la mousse de polyuréthane sur un bateau. En travaillant avec une société spécialisée, nous avons pu mettre au point un produit adapté – tant par sa composition que par son mode d'application – pour le conditionnement des mottes. À force de développements, nous sommes arrivés à une solution bien plus rapide : entre 40 et 50 secondes pour faire une coque (hors taille de la motte de terre). Il n'y a pas besoin de grillage ni de cerclage comme pour les bacs en bois ni d'ajout de terreau comme pour ceux en plastique. » Jean-Marie Siam a constaté qu'il n'y a pas de formation de chignon racinaire. La mousse est un produit isotherme pour les racines et la terre ne chauffe pas sous la coque, qui protège également contre le gel. La mousse permet surtout de réduire d'environ 60 % l'évapotranspiration et de cinq à dix fois les besoins en eau des plantes selon les espèces et la taille. « J'ai par exemple un cyprès de Florence de 7 à 8 m de hauteur qui ne nécessite plus que deux à trois litres d'eau par jour durant la période la plus chaude de l'été. L'hygrométrie se maintient bien dans la motte. Enveloppée de mousse, elle a l'avantage de peser beaucoup moins lourd et n'a pas besoin d'être aussi grosse qu'avant (environ 60 cm quand il fallait un mètre) », poursuit le pépiniériste.

Cinq minutes après application, la mousse a séché et durci. Elle forme une sorte de coque. « À l'air et aux UV, la structure du produit (polyuréthane à cellules fermées) forme une pellicule extérieure solide qui ne bouge pas malgré les arrosages. Elle est assez dure pour tenir au transport », explique Gonzague Six, représentant international pour cette technique. « La coque peut être cassée facilement pour planter une motte nue. On peut aussi planter avec la coque. En terre, les observations montrent un passage aisé des racines au travers de la coque qui perd ses propriétés mécaniques, particulièrement dans le sol. Elle se désagrège en petits morceaux par étapes. » Sinon, on peut la fracturer (simplement à coups de pelle) pour l'ajourer et optimiser le passage des racines. À la tête d'une entreprise de terrassement, à Saint- Antonin-du-Var (83), Jean-Luc Gil plante de gros sujets chez les particuliers. « Avec cette technique, j'ai de très bons résultats, surtout pour les gros cyprès à la reprise délicate, notamment quand il y a du vent. Je plante avec la coque en mousse. Même si la motte bouge un peu au vent, les racines supportent bien. Je n'ai perdu aucun client », constate-t-il. « Posées au sol, les plantes peuvent rester longtemps en attente dans leur coque. J'ai en essai un grand laurier sauce qui tient très bien depuis six ans ! », ajoute Jean-Marie Siam. Au fil du temps, la coque exposée au soleil prend naturellement une patine jaune. « Elle supporterait des peintures. On peut aussi lui donner des formes en jouant sur l'épaisseur... un aspect décoratif susceptible d'intéresser les points de vente. »

Depuis sa mise au point, Jean-Marie Siam commercialise son produit – dont la composition est gardée secrète – en exclusivité, sous le nom d'Arogreen™. Il est livré en kit avec deux bonbonnes de 5 kg (poids courant, mais existe aussi en plus grand format ou volume) et un pistolet d'application qui assure le mélange des deux produits. Chaque kit permet de faire une douzaine de coques de 70 cm de diamètre pour environ 350 euros. « Nous avons fait faire des analyses, affirme Jean-Marie Siam, et nous pouvons affirmer que notre produit n'a pas d'impact sur l'environnement. » Gonzague Six confirme : « Les études d'impact menées par un organisme belge, reconnu par les autorités européennes, démontrent la neutralité du produit sur l'environnement lorsqu'il est en terre. Un second organisme, italien, a fait une étude sur les réglementations. Les deux études montrent que nous pouvons utiliser notre produit pour cette application et que cet usage ne va pas à l'encontre des lois en vigueur. »

Jean-Marie Siam est prêt à se déplacer pour faire des démonstrations partout en France. « Le procédé est très simple et très rapide », résume-t-il. « On n'a plus besoin de faire appel à un professionnel spécialisé. Deux ou trois mottes suffisent pour acquérir le tour de main ! » Déjà, des pays du Moyent-Orient (Émirats arabes…) sont intéressés, notamment pour la faculté de rétention d'eau d'Arogreen™ et la garantie qu'il offre contre la perte de gros sujets.

Odile Maillard

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