" La mousse végétale en tapis, un mar ché qui s'étend "
Antoine Seydoux a décidé de devenir producteur de mousse et de créer Bryoflor parce qu'il ne trouvait pas sur le marché les tapis qu'il souhaitait acquérir pour son jardin. Pour les toits et terrasses, mais aussi sous forme de coussin, il propose une gamme de plus en plus étoffée de produits.
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Même si Antoine Seydoux, diplômé d'une grande école de télécoms, a débuté sa carrière dans ce secteur puis celui de la vidéo, il s'est toujours intéressé au monde végétal et, à 30 ans, il a obtenu un bac agricole. Aujourd'hui, à 56 ans, il a décidé de franchir le pas et de produire de la mousse. « Parce que j'en voulais chez moi et que je ne trouvais pas ce que je cherchais. Je souhaitais des tapis de mousse, mais cela n'existait pas », explique celui qui produit désormais sur 2 500 m2 en Normandie. Il s'est fait connaître lors du salon Paysalia (qui se déroule à Lyon, 69) en fournissant à Anne Cabrol des coussins de mousse pour son jardin du Carré des jardiniers intitulé « Les gens heureux ». Une réalisation qui a valu à la jeune femme d'être désignée Maître jardinier pour les deux prochaines années. Ses recherches de tapis de mousse vont l'amener, tout d'abord, à découvrir l'intérêt de ce végétal puis à trouver des pistes au Canada, où l'entreprise Bryophyta propose des produits proches de ce qu'il veut, en Allemagne, où il noue des contacts pour importer des produits. « Personne en France ne propose de tapis de mousse, c'est pourquoi je me suis lancé », explique Antoine Seydoux. Côté recherche, c'est pareil, « il y en a pas mal en Allemagne. En France, le Mu-séum national d'histoire naturelle s'in-téresse au sujet, mais il reste du travail ».
> Une gamme composée de tapis pourles toits et les terrasses et de coussins afin de donner du volume. Antoine Seydoux propose des tapis cultivés sur un feutre épais dans lequel les mousses trouvent le support idéal pour se développer. Il faut 18 mois pour que les végétaux colonisent entièrement le tapis qui va peser 3 kg/m2 à sec mais pourra atteindre 18 kilos une fois qu'il sera mouillé ! Ce professionnel commercialise des tapis d'un mètre de largeur sur dix de longueur, qui vont pouvoir être installés directement sur la surface qui doit les accueillir, une terrasse ou un toit, par exemple.
« Le débouché est bon en France, poursuit Antoine Seydoux. Le problème est qu'en toiture, les choses sont rendues compliquées en raison de la garantie décennale et des avis techniques nécessaires pour pouvoir inclure le produit dans un projet de construction alors que technique-ment cela ne pose aucun problème. » D'ailleurs, certains architectes et bureaux d'études ont validé la démarche.
Après trois années d'activité, il a placé des produits sur une centaine de chantiers « sans faire face à de réels problèmes techniques. Le produit peut être installé sur une toiture nue, directement sur le goudron ou sur le béton, mais il peut également prendre place sur un feutre anti-racines. Enfin, il est possible de dissocier complètement le tapis de l'étanchéité. » Il faut par contre éviter de le poser sur une couche de substrat fertile, « sinon les graines qui vont tomber là vont lever et elles vont l'envahir ». Enfin, comme les tapis de mousse sont, par nature, relativement plans, les clients recherchent parfois davantage de volume, c'est pourquoi Antoine Seydoux a créé des coussins de mousse. Formés par un sac rempli de paille et recouverts d'oua-te, ils permettent de diversifier la gamme.
> Un produit apprécié mais plus technique qu'il n'y paraît. Pour Antoine Seydoux, le produit est dans l'air du temps. « Il y a un engouement pour les tapis de mousse qui présentent un côté exotique, japonisant, que les gens apprécient. Par contre, les oiseaux apprécient la mousse et peuvent endommager le tapis, surtout en ville où la mousse naturelle est plus rare. De ce fait, Bryoflor propose des filets discrets et résistants pour protéger les plantes. Le problème se pose davantage à Paris qu'à la campagne, où les oiseaux trouvent plus facilement d'autres surfaces à gratter. » Il reste aussi du travail d'information à faire autour du produit : les consommateurs voudraient tout le temps voir la mousse bien verte et imbibée d'eau, or quand elle sèche, elle est moins belle, bien qu'elle reste verte. Tout le monde ne sait pas qu'à la première pluie, le couvert végétal reprendra vite son aspect tant apprécié. Et il peut « rester longtemps sans eau, plusieurs semaines sans souci », ajoute Antoine Seydoux. C'est important, car au-delà des aspects esthétiques, quand la pluie est absente durant longtemps, les jardiniers vont vouloir arroser et vont le faire avec de l'eau souvent calcaire qui nuit à la pérennité des mousses. Il faut donc ne pas arroser, ou le faire avec une eau non calcaire... L'autre limite du produit est qu'il ne doit pas non plus être trop piétiné : « C'est plutôt un produit contemplatif », précise le producteur. À éviter dansles espaces réservés aux jeux des enfants.
> Travailler avec un réseau de paysagistes. Les tapis sont commercialisés 30 euros/m2 HT pour des surfaces de plus de 100 m2. Les ventes se font via des manifestations comme Jardins, Jardin aux Tuileries, qui a lieu chaque année en fin de printemps à Paris (*), ou par l'intermédiaire du site internet de l'entreprise. Un réseau de paysagistes conseils intéressés a aussi été tissé. Les consommateurs étant à la recherche de solutions pour garnir des surfaces verticales, ce que la mousse peut parfaitement réaliser mais qui pose un problème de rétention d'eau dans les tapis, Antoine Seydoux a mis au point un système dans lequel les plantes se développent sur un support de mousse phénolique, celle utilisée par les fleuristes, ou sur un feutre pour ceux qui préfèrent ne pas utiliser un produitqu'ils ne jugent pas assez naturel. « Si l'eau est amenée sur le mur via une gouttière, ça fonctionne. »
> Des produits de diversification en cours de développement. En fin d'année dernière, les Jardins de Gally ont installé pour la RATP le plus grand graffiti végétal d'Europe à la station de métro Bel-Air avec les tapis de mousse Bryoflor. L'installateur a préféré opter pour un arrosage hebdomadaire. JCDecaux propose maintenant des tapis de mousse Bryoflor dans le catalogue des produits de palissade. Outre l'intérêt esthétique, on attribue à la mousse, à la verticale en particulier, des vertus dépolluantes en captant les microparticules et le dioxyde d'azote dans l'air. Des expérimentations sont actuellement menées à Stuttgart,en Allemagne, en particulier.
Autres produits qui arrivent dans la gam-me, des tapis d'hépatiques avec irrigation intégrée, ou, pour les gens, particulièrement nombreux, qui les veulent en plein soleil, des tapis d'helxines, de sagines ou de thym, mieux adaptés à ces situations. Ces produits sont développés en partenariat avec d'autres producteurs. L'entreprise cherche aussi à en réaliser sur des feutres plus souples que ceux qui existent, et qui soient biodégradables. Des essais sont conduits sur des tapis en chanvre, par exemple. n
Pascal Fayolle
(*) La prochaine édition de Jardins, Jardin aux Tuileries aura lieu du jeudi 31 maiau dimanche 3 juin 2018.
Bryoflor s'est fait connaître, durant Paysalia, en fournissant à Anne Cabrol des coussins de mousse pour son jardin du Carré des jardiniers, « Les gens heureux ». Une réalisation qui a valu à la jeune femme d'être désignée Maître jardinier pour deux ans.
Poser des tapis de mousse en toiture est rendu compliqué en raison de la garantie décennale et des avis techniques nécessaires. « Mais cela ne pose aucun problème de faisabilité », affirme Antoine Seydoux.
Sur les tapis de mousse, un filet assure la protection contre les oiseaux qui aiment particulièrement gratter les plantes et sont à la recherche de nourriture. Surtout à Paris, où les surfaces à gratter sont plus restreintes qu'à la campagne.
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