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" Inenvisageable d'implanter un massif sans paillage "

La moitié des paillages est effectuée avec du broyat « maison », fabriqué par l'équipe d'élagage. Daniel Stives, responsable du service des espaces verts, mise sur cette ressource pour diminuer le coût du paillage.

Daniel Stives, responsable des espaces verts de la ville de Chartres (28), multiplie le paillage au sein des massifs depuis une dizaine d'années. Il affectionne tout particulièrement le broyat de miscanthus, une ressource locale et bon marché, dont l'efficacité a été confirmée par les essais menés par l'Astredhor.

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Limiter les intrants et la main-d'oeuvre, sans amoindrir la qualité de l'entretien. Voilà les objectifs du service des espaces verts de Chartres. Soixante agents s'occupent de la création et de l'entretien des 130 hectares de verdure de la ville (39 000 habitants), mais également des 60 hectares d'espaces communautaires de la métropole, comme des lieux naturels autour de la vallée de l'Eure (Plan vert) et de l'aérodrome. Les jardinières en coeur de ville, les prairies en zones humides, les zones d'accompagnement piétonnier ou les abords des monuments historiques, comme la célèbre cathédrale de Chartres, tous les types d'espacesont été repensés dans cet objectif.

Pour y arriver, la collectivité a totalement changé sa façon de travailler : de la taille systématique tous les ans au choix des végétaux, comme l'explique Daniel Stives, responsable des espaces verts. « Nous avons revu l'aménagement des endroits végétalisés. Nous n'effectuons plus qu'une taille tous les trois ou quatre ans. Si les plantes gênent le passage, elles sont arrachées. À titre d'exemple, les Pyracantha ont été remplacés par des Choisya, et certains massifs de rosiers par de la pelouse. Nous plantons également de plus en plus de graminées et de vivaces, qui demandent peu d'entretien. »

Après la taille, le poste le plus gourmand en temps reste le désherbage. La ville a fait le choix de ne plus utiliser de désherbant chimique dans ses massifs. En 2010, elle a signé la charte « Zéro pesticide » avec l'association Eure-et-Loir Nature pour diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires. « Le désherbage à l'eau chaude nécessite trop de passages. Nous avons davantage recours aux pratiques mécaniques et manuelles. Et nous envisageons d'investir dans un désherbeur thermique de marque Ripagreen », ajoute le responsable du service. Le plus compliqué à entretenir reste les surfaces stabilisées, les rues, notamment entre les pavés de la vieille ville, et l'ancien cimetière où les tombes s'enchevêtrent les unes avec les autres.

« Pas de massif sans paillage ! » C'est dans cet état d'esprit que le paillage a fait son apparition à Chartres il y a plus d'une dizaine d'années. Alternative aux produits chimiques contre les adventices, il permet également de maintenir l'humidité et d'enrichir le sol en humus. « Aujourd'hui, il est inenvisageable d'implanter un massif sans paillage », lance Daniel Stives. Tous les espaces sont donc paillés, excepté les massifs saisonniers, où les fleurs sont plantées de manière très dense (environ 20 plantes/m2) pour éviter l'enherbement (lire l'encadré en page suivante).

En quelques années, les quantités de paillage ont été multipliées par cinq. Près de 1 800 m3 sont ainsi utilisés chaque année. Il n'existe pas de paillage « passe-partout ». Chacun est choisi en fonction de l'esthétique, du coût de revient et de l'endroit où il va être installé.

La moitié du stock de paillis est « fabriquée » par le service. Toutes les branches provenant de l'élagage sont broyées sur le chantier à l'aide d'un broyeur Saelen et projetées dans une benne. Le broyat est conservé sur une plate-forme en béton, aux ateliers municipaux. Cette solution est idéale pour le recyclage des branches, mais qu'en est-il en matière de qualité ? « Toutes les essences d'arbres sont mélangées. Le calibrage et la couleur des morceaux sont très irréguliers. À cause de son aspect inesthétique, nous évitons de le mettre en centre-ville, il est davantage positionné dans les espaces naturels. Par contre, il est très efficace techniquement et ne nous coûte pas cher », juge Daniel Stives.

Le prix du miscanthus en baisse en raison de l'augmentation de la production. En plus du paillage maison, la ville utilise beaucoup de miscanthus broyé, entre 400 à 500 m3/an. Des essais, menés par le CDHR Centre, une station d'expérimentation du réseau Astredhor Loire-Bretagne, entre 2010 et 2015, ont montré que les copeaux de miscanthus ont une efficacité optimale sur l'enherbement, notamment sur des rosiers et des jeunes plants. À condition d'appliquer une épaisseur entre 8 et 10 cm (voir le Lien horticole n° 938 du 26 août 2015).

Ce produit a l'avantage d'être local. Sur les 4 000 hectares de plantations françaises, 350 hectares se situent en Eure-et-Loir. La logistique ne coûte pas cher et le prix oscille entre 25 et 30 euros/m3 sur la base d'un camion plein, en vrac. Il est donc moins cher que l'écorce de pin ou la plaquette de châtaignier. Le tarif a beaucoup baissé ces dernières années, lié à une augmentation des quantités vendues. Cette graminée broyée, également surnommée herbe à éléphant, est assez compacte, facile à installer, et se dégrade facilement en deux ou trois ans. « C'est un avantage car cela apporte de la matière organique au sol. Mais c'est également un inconvénient car il faut recharger plus souvent qu'avec les autres types de paillage », ajoute Daniel Stives. La couleur beige et la régularité des morceaux de miscanthus peuvent jouer sur l'esthétique. La collectivité utilise également du broyat de chêne (entre 35 et 40 euros/m3), de la plaquette de bois (30 euros/m3), ou de l'écorce de pin (46 euros/m3). « Ce sont des paillages plus sophistiqués et plus chers. On les réserve pour les décorations éphémères ou le centre-ville », indique Daniel Stives. Enfin, la collectivité joue la carte du minéral, avec de la pouzzolane ou de l'ardoise pilée, mais de façon très anecdotique car les prix sont beaucoup plus élevés : entre 45 et 90 euros/m3.

Le choix des paillages est fonction avant tout de l'esthétique et du prix. Les différences techniques (diminution des adventices, taux d'humidité, etc.) sont nettement moins importantes.

Avec ce procédé, l'équipe des espaces verts a changé ses pratiques. « Nous avons revu nos méthodes d'arrosage. Mais les habitudes sont difficiles à changer, certains agents arrosent encore trop... ». À l'avenir, la collectivité compte encore développer cette pratique, en utilisant essentiellement du miscanthus.

Aude Richard

Fin et compact, le miscanthus est facile à manipuler. Néanmoins, sa couleur beige peut surprendre.

En quelques années, les quantités de paillage ont été multipliées par cinq. Près de 1 800 m3 par an de paillage sont ainsi utilisés.

Dans les ateliers municipaux, de plus en plus de graminées et de vivaces sont cultivées.

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