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Recherche Végétal L'odeur des roses à l'étude

Rosa multiflora platyphylla.

Une équipe française de recherche, pluridisciplinaire, a cherché à comprendre quelles senteurs nous font aimer ces fleurs.

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Des travaux menés par des scientifiques français, publiés cette année, constituent une première étape pour répondre à ces questions*.
Si les composants des senteurs des roses sont étudiés depuis de nombreuses années, il n’y a eu que très peu d’études sur la perception olfactive.

Des cultivars aux fragrances florales ou fuitées

Celle-ci a porté sur dix cultivars (‘Orientalia’, ‘Christophe Colomb’, ‘Brocéliande’, ‘Violette Parfumée’, ‘Felicia’, ‘Botero’, ‘Westerland’, ‘Jean-Paul Guerlain’, ‘Belle de Clermont’ et ‘Roberto Alagna’). Leur sélection a été effectuée avec l’obtenteur Meilland, ayant à son actif quelques années de travail sur différents aspects.

« Nous voulions des roses qui sentent et qui soient assez variées en terme de perception odorante : des plus fruitées, des plus florales... » explique Nathalie Mandairon, neurobiologiste au CNRS et co­autrice de l’étude. Elle a rencontré Sylvie Baudino, biochimiste et spécialiste de la rose (LBVpam, Université Jean-Monnet à Saint-Étienne), lors d’une réunion d’un groupement de recherche (GDR) il y a plusieurs années. L’idée leur est alors venue de monter ce projet.

Bien-être et senteur d’herbe coupée

Parmi les composés à l’origine de l’odeur de rose, les scientifiques ont identifié des molécules attendues, à l’exemple des phénylpropanoïdes, mais également d’autres plus surprenantes comme les ionones et les oxylipines. Certains composés, comme les aliphatiques et les esters méthyliques phénoliques, semblent avoir, à l’inverse, un impact négatif sur la perception de l’odeur.

« Ce qui m’a le plus surprise, c’est la présence des oxylipines, qui sont associées à l’odeur d’herbe coupée », se souvient Nathalie Mandairon, qui précise que des études ont montré que ces molécules ont un effet sur le bien-être. Est-ce que nous apprécions ces fleurs en partie parce que leur parfum joue sur notre sensation de plaisir et interviendrait dans un système de récompense dans le cerveau ? « Ce ne sont que des hypothèses à ce stade. »

Rosa hybrida 'Westerland' . (© Jean-Claude Caissard/LBVpam, Université de Saint-Étienne)

Comprendre à terme ce qui se passe dans le cerveau…

Les résultats obtenus sont pour l’instant à prendre avec précaution. En effet, le nombre de participants était plutôt faible (vingt au total, moitié hommes-moitié femmes), pour peu de cultivars testés.

L’équipe espère poursuivre les travaux, afin de confirmer ce qui a été obtenu, avec pour cette expérimentation pas moins de cent participants et trente variétés de roses.

Une deuxième étape serait d’ôter certains composés pour vérifier qu’ils sont bien responsables des odeurs appréciées ou non. Des recherches qui pourraient être menées d’ici deux à trois ans. « Mais ce qui m’intéresse à plus long terme, c’est de regarder ce qu’il se passe dans le cerveau quand nous sentons les fleurs », explique la neurobiologiste.

*« Why do we like so much the smell of roses : the recipe for the perfect flower », Adrar Inès et al., iScience, Volume 28, 2025.

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