Outre les atouts sur la préservation de la biodiversité (flore, faune, habitats naturels, génétique), les semences de plantes sauvages issues d'une récolte locale peuvent apporter une réponse technique pour la végétalisation sur des zones dégradées, là où les mélanges classiques ont des difficultés à s'implanter. Ces végétaux bénéficient en effet d'une capacité de reprise et d'adaptation supérieure, leur capital génétique leur permettant de s'accommoder aux aléas du climat. Après un chantier de terrassement, il serait tout à fait possible de laisser la végétation spontanée se redévelopper naturellement à partir des semences provenant des zones environnantes, ou du stock de graines présent dans la terre remise en place. Cependant, ce reverdissement serait très long à se mettre en place. « La végétalisation a pour but d'améliorer la rapidité de couverture et de limiter l'érosion, explique Julien Planche, responsable technique de l'entreprise Phytosem. Sur un terrain en pente sans une couverture rapide, les particules fines sont entraînées par la pluie. Or, la plupart des graines ont besoin de ces matériaux fins pour germer. De plus, quand la terre végétale est présente, elle n'est pas toujours gérée de façon optimale. On se retrouve alors sur des milieux perturbés, des sols chamboulés, avec peu de vie microbienne, des conditions peu favorables à la germination des vivaces. » Mis à part quelques situations particulières, il faut souvent prévoir un réensemencement avec des sujets aptes à se développer sur ces sols ingrats, des espèces pionnières s'implantant rapidement et capables de recréer une dynamique végétale, favorisant ensuite l'implantation des autres plantes. « La plupart de celles que nous mettons en culture font partie de cette catégorie de pionnières. Elles constituent ce que nous appelons des valeurs sûres. Trois espèces représentent presque 80 % de notre production : la pimprenelle, le plantain lancéolé, l'anthyllide vulnéraire, aux côtés d'une vingtaine d'autres comme le plantain corne de cerf, le coquelicot, l'alysse maritime, l'achillée millefeuille... Le choix s'est fait progressivement en observant ce qui pousse spontanément sur des terrains mis à nu. »