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Végétalisation À Paris, la filière dénonce l'importation d'arbres

Les 50 000 plantes et arbustes du village olympique de Paris sont importés par le grossiste et négociant belge Willaert, à Roulers, au grand regret de la filière francilienne.

Le Conseil horticole, les syndicats et la chambre d'agriculture franciliens dénoncent l'importation d'essences implantées dans la capitale alors que la filière peut fournir les projets.

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Dans un communiqué commun daté du 12 avril 2024, la chambre régionale d'agriculture, la FRSEA*, le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) et le Conseil horticole d’Île-de-France tirent la sonnette d'alarme. Ils dénoncent les importations d'arbres à Paris, alors que « la filière horticole et pépinière francilienne est à même de fournir les projets ».
« Pour implanter 1 500 spécimens Porte Maillot, en lieu et place des producteurs de proximité, c’est l’exportateur Bruns Pflanzen qui fournit ces arbres par convoi exceptionnel depuis ses centres logistiques en Allemagne, informe la filière. Pour les 50 000 plantes et arbustes du village olympique de Paris, l’importation passe par le grossiste et négociant belge Willaert, à Roulers. »

« Triple aberration »

Pour la profession, importer ces végétaux relève d'une « triple aberration économique, écologique et environnementale ».

« Dans tous les programmes de végétalisation à Paris et en région Île-de-France, soutenir l’activité économique de proximité devrait tomber sous le sens, s'insurge Christophe Jarry, président du Conseil horticole d’Île-de-France. Il en va du maintien des exploitations horticoles et des pépinières, ainsi que des projets d’installation des jeunes. Importer ces arbres, c’est nier l’enjeu économique de toute une filière, comme la reconnaissance des savoir-faire et de nos métiers. Dans la mobilisation actuelle du secteur agricole, lorsque nous appelons au “consommer français”, c’est valable pour toutes les filières, y compris non alimentaires ! »

La filière horticole et pépinière francilienne dénonce les importations d'arbres à Paris, alors qu'elle « est à même de fournir les projets ». (© Clement Dorval)

« Transplantations vouées à l'échec »

Outre l'impact économique, la filière insiste également sur l'enjeu écologique de ces importations. « Extraire un végétal de son biotope, c’est nier à la fois l’univers du vivant, la biodiversité des sols et la santé des plantes, souligne-t-elle. Une plante déracinée est livrée à des bioagresseurs auxquels elle n’est pas adaptée. Inévitablement, les transplantations d’arbres sont vouées à l’échec : leur croissance est réduite, ils tombent malades et dépérissent. »

Enfin, l'aberration environnementale est pointée du doigt « au regard du non-respect de la loi constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005 relative à la Charte de l'environnement ». Pour Christophe Jarry, « le déracinement et le transport d’arbres pour les implanter dans une région qui peut elle-même les fournir est, en plus, en inéquation totale avec le plan gouvernemental Plan France Nation verte, et l’objectif de réduction des gaz à effet de serre ».

« Éviter que cela ne se reproduise »

Le 29 février 2024, le Cercle des horticulteurs d’Île-de-France, le Conseil horticole Île-de-France, et l'Union horticole francilienne ont fusionné pour donner naissance à une nouvelle entité : le Conseil horticole d'Île-de-France (voir ici : "Le Conseil horticole IDF regroupe trois structures").

En Île-de-France, 120 entreprises de la filière horticole et pépinière emploient plus de 600 personnes. « En se réunissant, l'objectif est d'avoir plus de poids en ne parlant que d'une seule voix, relève Christophe Jarry, président de la nouvelle entité. Nous avons constaté plusieurs anomalies et nous les dénonçons ici pour que cela ne se reproduise plus jamais. Nous devons être contactés par les architectes à chaque projet, et l’État doit nous soutenir ! » appelle-t-il de ses vœux.

*FRSEA : Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles.

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