Des plantes « Santé - Beauté - Bien-être »
Grâce à leurs « principes actifs », de nombreux végétaux, notamment les PPAMC (plantes à parfum, aromatiques, médicinales et condimentaires), acquièrent un statut d’ingrédients pour la santé des hommes, des animaux et des plantes. Les acteurs sont nombreux, les croisements et rencontres indispensables entre filières et métiers.
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Le potentiel de diversification immense que peuvent détenir les plantes à parfum, aromatiques, médicinales et condimentaires (PPAMC) s’illustre, par exemple, avec la lavande. Elle fournit le linalol, un parfum encapsulé pour une libération progressive dans des tissus difficiles d’entretien, comme sur du mobilier. Cette utilisation, qui s’est concrétisée dans une solution de la firme Devan Chemicals, à Ronse, en Belgique, n’est que la face émergée de l’iceberg.
Les PPAMC, présentes depuis toujours comme produits végétaux frais ou transformés, avant leur (re)découverte récente comme plantes de service, se placent désormais comme sources de composés biosourcés, de molécules bioactives, de métabolites secondaires d’intérêt* dans des applications de plus en plus diverses.
L’aromathérapie à base d’huiles essentielles et la phytothérapie sont déjà entrées dans les usages, mais ceux-ci se multiplient, avec des projets parfois surprenants – comme parfumer une tétine ! – et dans des marchés encore peu investis comme l’élevage (lire l’encadré).
Ce ne sont pas les seuls débouchés, car toutes les parties des plantes, aussi bien les fleurs, les feuilles que les racines sont exploitables. HPF-Les Artisans du végétal, le réseau d’horticulteurs et pépiniéristes détaillants, a mis en avant, dans un livret dédié aux « plantes bien-être », les végétaux qui sont bons pour la peau, ceux qui dépolluent, qui apaisent, voire même certains fruitiers .
Une forte valeur ajoutée
Certains travaux de laboratoire semblent éloignés du quotidien, d’autres ont déjà livré des solutions. Conçue par la recherche publique, la technologie des « plantes à traire » est développée depuis 2005 par l’entreprise Plant Advanced Technologies (PAT), à Vandœuvre-lès-Nancy (54). Ce procédé original permet de récolter, de façon non destructrice pour les plantes, des molécules de haute valeur issues du traitement de racines vivantes. Ainsi, en cosmétique, un actif antirides est extrait de la racine de mûrier blanc.
PAT, société de production d’actifs végétaux, participe à plusieurs projets tel Herbiscan, axé sur les nouveaux bioherbicides avec l’Inrae et l’Institut technique pour le développement des plantes à parfum médicinales, aromatiques et industrielles (Iteipmai). Avec sa filiale à l’île de La Réunion, elle conduit PATZerbaz sur les plantes médicinales locales.
Ces nouveaux débouchés sont ouverts également aux plantes horticoles et de pépinières. L’échinacée pourpre intervient comme additif alimentaire pour chiens et chats. De l’extrait d’écorce de mélèze est utilisé en cosmétique. Cette filière fait aussi appel à la primadulcine de la primevère et à la dumaflorine de la tulipe noire.
Des plateformes collaboratives
De façon générale, l’approvisionnement, notamment en PPAMC, national ou local, est devenu un argument de poids dans ces nouveaux marchés. Afin de mieux s’insérer dans ces filières, il est judicieux de bien en connaître l’organisation et ses principales structures. Celles-ci évoluent de plus en plus vers des plateformes collaboratives, pour mutualiser les investissements, les données scientifiques, et se donner les chances d’une réussite plus marquée dans les solutions innovantes.
L’Iteipmai est l’acteur majeur de la filière, avec une mission de recherche appliquée finalisée. À son siège de Chemillé-en-Anjou (49) sont associés un établissement secondaire dans la Drôme et deux organismes partenaires : le Centre régionalisé interprofessionnel d’expérimentation en PPAM (Crieppam), à Manosque (04), et le Conservatoire national des plantes à parfum médicinales, aromatiques et industrielles (CNPMAI), à Milly-la-Forêt (91).
L’Itepmai collabore aussi régulièrement avec l’institut technique horticole Astredhor. Pour suivre ses travaux, l’institut publie Herb@lia, une infolettre électronique très étoffée.
De son côté, depuis 2017, la structure informelle Actiliance réalise une mise en commun de compétences en actifs végétaux grâce à l’expertise complémentaire de ses trois partenaires : l’Iteipmai, Pharmanager (spécialisée dans le conseil réglementaire et scientifique) et le centre R&D du pôle du végétal Végépolys Valley.
Le croisement de compétences pour les évolutions d’usage et technologiques implique souvent des démarches collaboratives. Les pôles de compétitivité figurent en bonne place. Ainsi le pôle agroalimentaire Terralia avait fusionné en juin 2020 avec le pôle Pass (parfums, arômes, senteurs et saveurs) pour constituer Innov’ Alliance, pôle d’innovation en alimentation, bien-être et naturalité.
Citons encore les RMT (réseaux mixtes technologiques) et les LabCom (laboratoires communs entre organismes de recherche publics et PME).
Phytolia POP : un tournant pour la valorisation
Un montage plus original est illustré par la chaire Viva (Valorisation d’ingrédients végétaux bioactifs) portée par l’école d’ingénieurs Sigma à Clermont-Ferrand (63).
Ces différentes structures donnent accès à des financements. Leur spécialisation peut être nationale et leur réseautage européen. Et même mondial, comme celui du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, à Chartres (28), le pilote de la filière nationale des parfums et cosmétiques.
La dénomination PSBBE (plantes santé, beauté, bien-être) a été choisie par l’association interprofessionnelle Phytolia, à Angers (49), née dans une des régions phares de la filière. Elle révèle un tournant dans la valorisation de ces innovations. Au travers de la garantie d’origine, le label Phytolia POP (plantes d’origine prouvée) valorise la qualité de la matière première.
Linda Kaluzny-Pinon*Les métabolites secondaires sont des composés chimiques synthétisés par les plantes (c’est-à-dire phytochimiques) remplissant des fonctions non essentielles. Les molécules intéressantes sont des terpénoïdes, des flavonoïdes et des composés phénoliques.
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