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Conservatoires, Lab’s, Ressourceraie : valoriser le potentiel des collections (2e partie)

Si La Ressourceraiesoutient des projets autour de la tomate, des agrumes, des arbres (lire Le Lien horticole n° 1113, p. 44 et 45), elle engage d’autres initiatives concernant des roses, des mûriers, de la pomme, des carottes, des saules et du raisin.

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Les différents projets de Lab’ végétaux­ mis en œuvre par La Ressourceraie sont ambitieux. L’idée est née très simplement, d’une conversation entre Arnaud Lebert, dirigeant de la structure, et Stéphan Perrotte, « Meilleur Con­fiturier de France » et aussi « Champion du monde de la confiture 2015 ». Le « chef cuisinier des fruits » tire de multiples goûts et saveurs très différents de ses confitures­ d’exception en choisissant atten­tivement chaque variété, par exemple pour les fraises ou les framboises.

Dans cette lignée, La Ressourceraie veut « booster les initiatives d’entreprises et ac­compagner les porteurs de projets, qu’ils s’inscrivent dans la valorisation, dans la préservation de la diversité végétale ou dans l’identification de propriétés nouvelles ». Dans ce but, elle a aussi mis en place une plateforme de services sur mesure (lire en Repères), avec un « collectif de compétences » qui peut les conseiller. Car, pour réussir, il faudra toujours davantage de travail collaboratif impliquant de multiples partenaires.

1.Rosa Lab’

Le Rosa Lab’ est implanté au sein d’Agreen Lab’O* d’Orléans Métropole (45). En décembre 2021, un contrat a été signé avec cet incubateur qui se veut « accélérateur­ pour les entreprises innovantes offrant des solutions et des produits numériques dédiés à l’agricul­ture connectée et au e-végétal. Situé au campus Xavier-Beulin, au sud d’Orléans, c’est le petit frère du Lab’O Village by CA Orléans, dédié à l’agriculture d’avenir ». Une série de rencontres ont débuté mi-janvier 2022 entre La Ressourceraie (et son Rosa Lab’) avec les roseraies des châteaux de la région, et celle d’Orléans pour développer des projets sur les potentialités des roses.

La Ressourceraie prévoit aussi la création d’un pôle d’activité autour des métiers du textile. Le principal partenaire : les soieries Roze. La manufacture de Saint-Avertin, en proche banlieue de Tours (37), se tourne de plus en plus vers l’innovation et espère, d’ici quelques années, pouvoir tisser aussi à partir de la tige de rosier.

Avec le chef Stéphan Perrotte, à Vaudelnay (49), elle travaille également sur une confiture associant framboise et pétales de roses, ou encore des liqueurs de rose avec une petite distillerie.

Avec des obtenteurs, la Maison Roze a aussi pour ambition de créer une rose nouvelle pour chacune des générations de la famille, dont l’histoire remonte à 360 ans.

2.Morus Lab’

Ce Lab’ exploite les propriétés du genre Morus. Il « accompagnera tous les projets en lien avec la culture des mûriers : vers à soie, alimentation, fibres textiles, pigments de couleur, cosmétique… ».

Ainsi, en mars 2022, un « conservatoire de mûriers » va officiellement être créé au château royal d’Amboise (37), là où, en 1470, Louis XI décida, par lettre, de réunir des soyeux – notamment italiens – pour la création de manufactures en Touraine. Maison Roze, le tisserand partenaire, travaille la soie depuis 1660. Elle a déjà reçu en 2021 un prix d’honneur VMF/AAF « Métiers d’art et patrimoine bâti » pour son projet de plantation-conservatoire de mûriers et d’élevage de vers à soie. Son propriétaire, Arnaud Lebert, également président de La Ressourceraie, veut préserver la diversité de cette essence, avec le concours scientifique du Mobilier national : « La plantation de plusieurs variétés de mûriers est essentielle pour la sériciculture, les feuilles fraîches nourrissant le ver à soie. Ce projet de développement d’un savoir-faire traditionnel conjugue patrimoine, entrepreneuriat et écologie. Il permettra de relancer une filière en voie de disparition, qui appartient à l’histoire de France. »

3.Poma Lab’

Ce projet est en cours, pour le premier trimestre 2022, avec l’entreprise Les Vergers de la Manse, à Sepmes (37), et l’Association nationale pommes poires, dont des producteurs en bio.

4.Karoto Lab’

Le Lab’, qui s’attachera à développer des projets autour des carottes, doit être lancé prochainement.

Les premiers jalons : créer des conservatoires et identifier des propriétés. Une première étude a été menée avec Agrocampus Ouest.

5.Salix Lab’

Un projet de Lab’ est prévu fin 2022, pour travailler autour des saules et de l’osier. Là aussi, les premiers projets visent à développer des conservatoires et à identifier des propriétés.

6.Viti Lab’

Une démarche est en cours avec un conservatoire de la vigne et du raisin, pour travailler sur les variétés de l’Orléanais, de Touraine et d’Anjou.

Lors des Rencontres du végétal 2021 des 30 et 31 mars 2021 par Agrocampus Ouest, Arnaud Lebert lançait un appel à développer notamment « la compétence de médiateur, qui prend de l’importance pour accompagner les producteurs dans leurs initiatives de transformation et valorisation maximale des végétaux cultivés, de leurs sous-produits ou coproduits trop souvent relégués au titre de “déchets”. Il faut aussi, de plus en plus, être capables d’engager de nouvelles collaborations pour de nouvelles économies. Il faut alors, chaque fois, que les producteurs se mettent en relation avec des ar­tisans transformateurs, avec des chercheurs ou des ingénieurs, peut-être des industriels, des circuits de distribution parfois… autant de mondes qui ne se connaissent pas et ne se rencontrent pas. Il faut apprendre les mots afin de se comprendre. »

De nouvelles compétences et des formations dédiées devraient émerger de ces différentes démarches innovantes autour de la réinvention des usages et des utilisations de végétaux.

*accueilagreenlabo@orleanspepinieres.fr et https://agreenlabo.tech/nos-services/

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