Login

Des roses fragrantes, comestibles et bonnes pour la santé !

Un programme de sélection de rosiers spécialement dédié à la fleur comestible : c’est le créneau de marché qu’a choisi Peter Cox, obtenteur et fondateur de la toute jeune entreprise serbo-néerlandaise Pheno Geno Roses.Odile Maillard

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le projet du rosiériste Peter Cox a pris corps, pour la première fois, avec un très grand stand, à IPM Essen 2019 en Allemagne. Une présence sur ce salon mondial, c’est l’aboutissement d’un long travail, un premier signe de réus­site. Son concept de rosiers de jardin dédiés à la fleur comestible a retenu l’attention et obtenu un grand succès. L’homme, original, prolixe, n’hésite pas à bousculer les codes et les pratiques. Pour attirer à elle les visiteurs internationaux du salon, toute l’équipe s’est vêtue de rose : impossible de manquer le stand de Pheno Geno Roses (1). Elle a en outre proposé chaque jour une dégustation différente, par un ou une chef réputé(e).

• mercredi 23 janvier 2019, Eveline Wild, chocolatière autrichienne célèbre à la télévision, a fait déguster des bonbons, chocolats et un pétillant à la rose ;

• jeudi 24, Theo Clevers, champion glacier néerlandais, faisait découvrir des glaces gourmandes à la rose.

Ces deux célébrités ont pu baptiser un cultivar de rose comestible à leur nom. Deux producteurs néerlandais ont adopté la nouvelle collection de roses comestibles. Ils se sont déplacés sur le salon :

• Willianne Sluiter, de la société Incredible Roses (2) ;

• Frank Coenders (société éponyme).

Les dégustations ont attiré d’innombrables visiteurs professionnels, et les ont obligé à marquer un arrêt, étonnant et gourmand, comme on le verrait plutôt dans une foire tout public. Ces aspects purement promotionnels participent à la logique de Peter Cox, qui n’est pas issu d’une famille d’obtenteurs. Après avoir détecté les bons créneaux à prendre, il s’est lancé dans l’hybridation de rosiers il y a tout juste­ dix ans… Quand viennent les premiers résultats, il le fait savoir, afin de percer rapidement dans le monde de l’obtention mondiale.

Le goût, les huiles essentielles...

« Nos rosiers ont les qualités (visuelles et culturales) des roses ornementales modernes. Mais en plus, un programme spécial a abouti à une collection de roses “really edible”, c’est-à-dire réellement comestibles. » Après environ huit années de labeur, les premières arrivent sur le marché. « Nos roses apportent de multiples saveurs et fragrances typiques : citron, épices… idéales pour orner les salades et/ou ajouter “un plus” à un plat. » Les obtentions sont testées en plusieurs localisations en Europe afin de vérifier la stabilité phénotypique (l’apparence), ainsi que l’adaptabilité aux diverses conditions climatiques. La série de cultivars comestibles est lancée commercialement depuis à peine deux ans sous la collection « Taste of Love Roses »... parce que le premier critère de sélection, c’est la saveur gustative. Quatre autres cultivars devraient arriver sous peu, aux goûts de framboise, d’abricot, de poire ou d’eau de rose…

L’obtenteur va encore plus loin dans ses raisonnements : « Il existe déjà beaucoup d’obtenteurs de roses ornementales en Europe, et d’utilisations en cosmétique. Au-delà des aspect décoratifs et parfum, moi, je voulais aussi de beaux rosiers sains, des fleurs comestibles et, si possible, des plantes utiles pour leurs atouts santé. Nous avons testé la saveur de quelque 340 variétés et cultivars. Mais, en plus, dans les roses, nous avons trouvé des antioxydants, de la vitamine C… D’où une autre collection de roses intéressantes pour leurs valeurs nutritionnelles. Je suis donc devenu hybrideur, avec de nouveaux concepts, et une seule mission : faire découvrir tout ce qui est beau et bon DANS la rose ! C’est possible, notamment avec les techniques modernes de la génétique. Avec une chercheuse de WUR Plant Breeding, à Wageningen (Pays-Bas) et en travaillant en particulier sur deux gènes, nous avons avancé, notamment :

• sur la rusticité en hiver, d’où notre collection Rosa WinterJewel ;

• sur la duplicature (jusqu’à 186 pétales), avec par exemple Rosa ‘Mileva Frayla’, var. Bozmilfra. »

Une partie du travail porte aussi sur la sélection prédictive, pour mieux connaître le rôle de chaque gène important, via des marqueurs moléculaires spécifiques…

Avec l’université de Wageningen, Peter Cox travaille aussi sur les principales maladies des rosiers : taches noires, agrobacterium, oïdium. L’obtenteur recontextualise ses multiples projets : « Nos roses comestibles, ce sont une petite réponse et un marché de niche, au potentiel très variable selon les pays (l’Allemagne et le Japon sont déjà très intéressés). D’ici deux ans, nous aurons aussi avancé avec le gène qui contrôle les huiles essentielles et les fragrances, pour innover dans l’industrie des parfums. À partir d’un rosier, le marché du jardin, celui des huiles à parfums, celui de la gastronomie… sont pour moi très complémentaires. C’est la valeur ajoutée de mon activité d’hybrideur. Et nous avons encore tout à (ré)apprendre du rosier et de ses potentiels. » La commercialisation devrait bientôt commencer en France.

Odile Maillard

(1) www.phenogenoroses.com et www.tasteoflove.eu

(2) www.incredibleroses.nl

Pour en savoir plus : diaporama sur www.lienhorticole.fr

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement