À vos marques, prêts, pissez ! Vers une filière de collecte de l’urine humaine pour la fertilisation en Anjou !
La Pipinière, entreprise au départ spécialisée dans les toilettes sèches et le compost urbain, veut collecter les déjections liquides pour les transformer en engrais.
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Un mètre cube d’urine humaine, c’est 6 kg d’azote, 1 kg de potassium et 0,5 de phosphore. Les rejets d’un adulte dans une année sont suffisants pour fertiliser 500 m2 de blé ! Partant d’un constat – ce que chacun d’entre nous rejette chaque jour et qui coûte si cher à traiter pour ne pas polluer l’environnement est en réalité une richesse – l’entreprise Label verte a présenté à l’occasion de la dernière édition du Sival (voir ici : Sival 2025 : entre succès et questionnements sur l’avenir) un plan de collecte locale de l’urine humaine pour l’utiliser en fertilisation, en particulier en horticulture.
Humoristiquement nommée la "Pipinière", cette filière de collecte peut s’appuyer sur l’expérience acquise par Label verte, fondée en 2008 pour vendre et gérer des toilettes sèches et qui s’est aussi ensuite orientée vers la mise en place de points de compostage de proximité.
Active auprès de 500 sites autour d'Angers Loire Métropole (49), l’entreprise – qui compte aujourd’hui douze salariés et deux cogérants –, forme, anime et sensibilise aussi bien les entreprises que le grand public avec toujours un objectif : valoriser les matières organiques par retour au sol.
Économie circulaire
Lauréate en 2023 d’un appel à projets « économie circulaire » lancé par la région Pays de la Loire, l’Ademe régional et la Dreal Pays de la Loire, la "Pipinière" a réalisé une étude technico-économique sur la collecte d’urine humaine auprès d’acteurs tant publics que privés pour valoriser cette ressource, en qualité d’intrant naturel, en horticulture.
Appuyée sur l’expertise de Végépolys Valley, Label verte a insisté au Sival sur les enjeux liés à cette démarche, en particulier réduire la dépendance aux engrais chimiques et protéger les milieux.
Des points de collecte ont été identifiés et seront testés dans la région. L’urine sera prélevée soit dans des urinoirs, soit dans des toilettes classiques permettant de la séparer des fèces. Reste ensuite à stocker et à traiter les produits collectés.
La législation est encore pauvre concernant les enjeux sanitaires, par exemple. Aujourd’hui, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) spécifie seulement que l’urine doit être stockée au minimum six mois à 20 °C avant usage et ne doit pas être épandue sur les cultures à moins d’un mois de la récolte en maraîchage. Pour les autres productions agricoles, la durée de stockage recommandée est de deux mois. En dehors de ce point, rien ne réglemente son utilisation !
Un travail a également été mené pour voir comment entretenir les sanitaires sans détériorer la qualité du produit collecté. L’usage du vinaigre blanc n’aurait aucun effet délétère.
Des essais Astredhor en cours
En pépinière, les organisateurs de la collecte ont mis en place un process dont la volonté est d’être le plus « low-tech » possible : stockage d'un mois sans contrainte de température pour hygiénisation, puis épandage sur des cultures qui ne se mangent pas, ce qui est le cas en horticulture ornementale.
Un travail est mené actuellement pour ajuster ces recommandations et des essais sont en cours dans la station Astredhor locale pour voir comment l’urine peut être utilisée concrètement en culture. Sur salades, le lisain, l’urine simplement stockée, donne des résultats supérieurs aux autres modalités testées dans les premiers essais. À confirmer sur la diversité de la gamme horticole !
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