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Horticulture et paysage Des voies d’apprentissage en transition

Du 13 au 15 octobre 2021, une soixantaine d’enseignants, formateurs, moniteurs ont fait le point sur les évolutions des formations et des métiers. Ils ont été reçus par l’école du Breuil, à Paris. ©O. Maillard

Si les formations initiales en ornement perdent du terrain, les options pour adultes, et même pour s’installer, reviennent au goût du jour. Au fil des réformes, les objectifs, les méthodes et les moyens financiers bougent et s’adaptent…

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Après Angers (49) en 2018, c’était au tour de l’école horticole du Breuil, à Paris, de recevoir quelque 60 enseignants, formateurs, moniteurs pour leur biennale nationale, sans oublier des représentants des structures et acteurs professionnels. Une satisfaction malgré les quotas de participants imposés par les mesures sanitaires.

Du 13 au 15 octobre, les deux jours de conférences, ateliers, visites et échanges informels ont en particulier confirmé des inquiétudes sur les inscriptions en formations initiales scolaires, notamment en horticulture ornementale et en paysage qui ne font pas trop rêver. Les rares écoles qui pratiquent les publics mixtes* arrivent à maintenir des classes.

Le CAP reprend du service pour les apprenants en difficulté scolaire, notamment depuis la réforme du bac pro qui ne convient pas à tous. Nombre de formateurs se désolent d’ailleurs chaque année davantage du faible niveau des apprenants scolaires et de leur faible motivation…

À l’école du Breuil, à Paris, les BPREA sont en vogue, de même que les formations pour adultes citadins en cours du soir... ©O. Maillard

Des urbains qui veulent s’installer

Par contre, la période Covid a donné une impulsion aux demandes d’adultes en voie de reconversion. Avec des projets de retournements de vie spectaculaires : des urbains, très diplômés souvent, qui veulent se lancer, et même s’installer en agriculture. Effet émotionnel ? Feu de paille ? Tendance pérenne ? Les rêves de maraîchage bio, de permaculture, d’agriculture urbaine ou périurbaine, d’agroécologie… s’étaient amorcés depuis cinq ou six ans. Au « Breuil », ils explosent cette année. Pas moins de 160 candidatures – pour 48 places disponibles – pour le BPREA qui prépare à l’installation. Du jamais-vu à l’école. Le phénomène surprend par son ampleur soudaine, mais correspond aux tendances relevées dans les attitudes citoyennes depuis mars 2020 pour l’envie de nature et d’une vie qui a plus de sens... Mais avec des demandes surprenantes, des besoins portant plus sur des spécialisations et des modules thématiques (biodiversité, entrepreneuriat…), donc plus sur des morceaux de compétences que sur des diplômes classiques entiers. Avec quelques réserves sur la capacité du marché dans le long terme pour assimiler toutes ces recrues. Le phénomène redonne aussi un élan aux écoles qui redéveloppent la formation continue !
Le Breuil constate aussi un regain de demandes pour des cours du soir, pour des adultes parisiens.
L’enseignement dans son ensemble se voit devant une urgence de réactivité pour faire évoluer son offre !

Enseigner en transdisciplinarité, en pluridisciplinarité

Pendant ce temps, les réformes poursuivent leur cours. « Celle de 2018 sur la formation professionnelle, qui va être très impactante rapidement, même si on en prend tout juste la mesure », rappelle un représentant du ministère (DGER pour l’agriculture). Une réforme d’autant plus importante pour les centres amenés à former de plus en plus d’adultes !
Parmi les points majeurs :
- des financements très différents, retirés aux Régions pour être gérés par France compétences, notamment pour l’apprentissage, mais gérés aussi directement par les salariés eux-mêmes via leur compte personnel (CPF) ;
- des actions publiques en faveur de l’apprentissage…

Les grands axes des plans 1 et 2 d’« Apprendre à produire autrement », lancés par le ministère de l’Agriculture**, incitent à entendre la parole des apprenants, à les mettre en capacité d’analyse de situation jusqu’à l’estimation économique d’un chantier. À leur donner envie d’apprendre. Ces plans invitent à enseigner autant que possible en transdisciplinarité, en pluridisciplinarité, en intégrant les enseignants des matières générales dans les actions en mode projet, dans les chantiers-écoles. Sans oublier les partenariats pour s’ouvrir aux acteurs locaux et régionaux, ni la débrouille et l’adaptation des équipes quand les moyens manquent.

Les besoins et les parcours sont tellement différents, les publics tellement variés qu’ils vont nécessairement imposer de créer de nouvelles spécialisations. D’ailleurs, les intitulés mêmes des diplômes deviennent obsolètes, voire incompréhensibles pour les nouveaux publics. Il devient également urgent que les apprenants qui ont obtenu leur diplôme ou certificat en productions AB (agriculture biologique) voient cette spécification dans l’intitulé de leur diplôme, pour mieux le valoriser.

Les formations diplômantes et certifiantes préparent aux futurs emplois. Des tendances émergent là aussi. Ces aspects « métiers » feront l’objet d’une prochaine publication.

Odile Maillard

*cf « Mixité : de nouvelles solutions pour les formations », Le Lien horticole n° 1106 de juin 2021
** « Écoles et professionnels : mêmes défis », Le Lien horticole n° 1109 d’octobre 2021.

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