Restrictions d’usage Eau : une inquiétude avérée, une filière préservée

Dans la filière et au-dehors, de nombreuses initiatives sont prises pour préserver l’eau. Le guide des restrictions proposé par le ministère de l’Écologie récemment conforte plutôt les usages professionnels…
Dans la filière et au-dehors, de nombreuses initiatives sont prises pour préserver l’eau. Le guide des restrictions proposé par le ministère de l’Écologie récemment conforte plutôt les usages professionnels… ©P.Fayolle

Dans la foulée d’une année 2022 torride, la disponibilité en eau aura été le sujet des métiers du végétal, en particulier en début de printemps. Depuis, la tension est un peu tombée et les dispositions gouvernementales épargnent les usages du végétal d’ornement…

En avril puis de nouveau en juin dans la moitié nord, en mai dans la moitié sud… Des vagues d’orages et de pluies sont venues atténuer quelque peu les inquiétudes du début d’année sur la situation hydrique de la France. Pas assez tôt dans la saison pour éviter que le sujet impacte le commerce, mais on peut néanmoins se dire que la situation aurait pu être encore pire. Les premiers échos des ventes de la saison de printemps 2023 ont été révélés à la suite de l’assemblée générale de la fédération Jardineries et animaleries de France (à lire également ici :Emmanuelle Marvie, nouvelle présidente de Jardineries et animaleries de France, veut prendre les défis à bras-le-corps), et on sait que parmi ce qui a pesé sur le commerce horticole figure évidemment la situation économique et l’inflation, mais aussi le risque de ne pas pouvoir arroser et donc, pour le consommateur, de faire le choix de ne pas planter…

Un répit très superficiel

Ces pluies ont rétabli souvent la situation superficielle des sols, et calmé les médias grand public qui ne cessaient de traiter de manière dramatique le thème des économies d’eau, ce qui est forcément préjudiciable au commerce horticole. Mais en profondeur, les nappes phréatiques restent dans un état préoccupant dans bien des régions, l’été ne fait que commencer et les températures ont déjà été très élevées en juin. Et d’ailleurs, la plupart des régions font toujours l’objet d’arrêtés de restriction des usages. En conséquence, de nombreuses initiatives ont vu le jour ici et là pour limiter le recours à l’eau et préserver la ressource.

La première de ces actions est venue en mai du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le « Guide circulaire de mise en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau en période de sécheresse » était attendu avec une certaine inquiétude. Il aura finalement plutôt conforté la filière horticole, en particulier la production. En effet, le document spécifie que même en cas de situation de crise, c’est-à-dire la plus difficile en termes de disponibilité en eau, l’irrigation des cultures, même au goutte-à-goutte, est interdite, sauf pour les « semences et plants ». Catherine Muller, présidente de Valhor, l’a fait préciser par le ministère : ce terme de semences et plants inclut toutes les cultures horticoles des producteurs.

Autre bonne nouvelle comprise dans le document dévoilé en mai par le ministre Christophe Béchu : les plantations en pleine terre de moins de deux ans sont également sanctuarisées et pourront être arrosées même dans les situations les plus difficiles. De quoi conforter les entreprises du paysage et leurs fournisseurs pour continuer de mener à bien les chantiers de plantation…

Les jardins potagers sont aussi épargnés, en situation de crise. Il est interdit d’arroser, mais seulement de 9 heures à 20 heures.
Les terrains de sport, hippodromes et golfs sont, eux, beaucoup plus contraints.

Adopter les bons gestes

Outre des initiatives individuelles, émanant par exemple de certains groupes de producteurs (voir ici celle de la région Rhône-Alpes : Ec’Eau gestes, les bonnes pratiques pour économiser l’eau), l’Unep, Union nationale des entreprises du paysage, a lancé plus récemment un appel à adopter les bons gestes. Elle incite à bien maîtriser l’irrigation, ce qui se traduit par des arrosages le matin ou le soir, jamais en journée. Elle rappelle qu’il ne faut pas tasser la terre.

L’Unep préconise aussi le recours aux paillages sur « au moins 10 cm », en prenant soin d’arroser avant pour éviter les brûlures racinaires et la faim d’azote (sic). L’Union recommande l’usage des récupérateurs d’eau de pluie, promettant jusqu’à 44 % de prélèvements d’eau en moins sur l’eau potable, selon une étude datant de 2018.

Enfin, les professionnels insistent sur la nécessité de planter des végétaux résilients. Ils proposent de mélanger plantes cultivées et spontanées, assurant aux plantations une plus grande durabilité et plus de services écologiques…

Des initiatives qui risquent de se multiplier avec le temps : le sujet devrait rester prégnant pendant encore de longs mois, même si le régime des pluies devait retrouver cet automne un régime plus conforme à l’habitude !

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