CHAUMONT-SUR-LOIRE Bien plus que le Festival International des Jardins

Associé depuis 30 ans au Festival international des jardins, l’ensemble du Domaine de Chaumont-sur-Loire (41) vaut le détour pour ses ressources paysagères et végétales largement inspirées des créations antérieures du concours de jardins.
Assurément le parc du Domaine (un site de 32 ha) n’aurait pas évolué de la sorte si ses équipes permanentes n’avaient tiré parti, sous la houlette inspirée de la directrice Chantal Colleu-Dumont, des acquis du Festival et de la cohabitation avec ses créatifs associés.

Tout est connecté

« Biomimétisme au jardin » durant l’édition 2021, a surtout été traité sous l’angle écologique. Le biomimétisme s’entend ici comme l’attention portée aux données vivantes : « réapprenons à observer la nature pour mieux appréhender demain ». Les biotopes ont leurs propres systèmes de survie, de protection et de communication qui nous apprennent l’entraide. Ils sont a priori invisibles à l’instar de la vie cachée dans la rhizosphère (« Ce que l’on voit, ce que l’on sait ») ou visibles en surface avec une palette végétale reposant sur le compagnonnage et l’agroforesterie. L’intitulé de nombreuses créations fait référence à l’interconnectivité naturelle, sans négliger pour autant la nécessaire (dé)connexion par une interprétation poétique de la cohabitation avec des jardins.

La vie cachée et le rôle des arbres était l’un des fils verts de cette édition, qui faisait de surcroit appel à des sources d’inspiration lointaine ou animalière. Ainsi, « Le jardin de la termitière » s’inspire d’un modèle d’architecture bioclimatique durable exploitant le génie des termites.

Par ailleurs, il est toujours intriguant de confronter la « lettre d’intention » des concepteurs de projets retenus… avec leur réalisation sur le terrain. Cet angle conceptuel échappe bien souvent aux visiteurs qui ne prennent guère la peine de lire le panonceau à l’entrée de chaque création. Un public happé justement par la scénographie végétale originale, voire déconcertante, et qui ressortent du jardin avec des idées de transposition, ou pas.

Le rôle de l’eau

Le prix Jardin transposable attribué à « Territoire de bocage » met en avant le rôle de l’eau. Elle est très présente dans plusieurs réalisations : les cordes enterrées assurant la circulation de l’eau dans « Osmose », le piégeage des gouttes de rosée dans « Le petit pays des larmes », les plantes filtrantes de « L’autre rive », la récupération de l’eau par condensation de l’humidité dans « La tour du jardinier des nuages » et son recueil par la frondaison des arbres dans « L’arbre source ». Ces deux dernières créations figurent parmi les 5 jardins réalisés par les équipes du Domaine de Chaumont-sur-Loire.

Le jury du palmarès 2021 a tenu à saluer la tenue exceptionnelle de ces jardins hors concours et des jardins interstitiels entre les sélections. Sans compter, dans Prés du Goualoup, l’entretien des jardins permanents issus d’éditions précédentes et la mise en place récente de plusieurs collections végétales (voir aussi : «Festival des jardins : le biomimétisme s’invite au domaine de Chaumont»)

Un centre d’arts et de nature

Le transfert de savoir-faire s’exerce à travers les formations continues réalisées tout au long de l’année et accessibles via deux catalogues, l’un intitulé « Espaces verts et paysage » et l’autre « Le jardin de soin et de santé » (A découvrir dans une prochaine actualité sur ce site).

Au-final, le Domaine de Chaumont-sur-Loire est un lieu atypique d’utopies artistiques multidisciplinaires puisqu’il accueille aussi une saison d’art contemporain lié à la nature dont certaines œuvres vont rejoindre une collection permanente, à l’instar de ces jardins du festival récrées dans le parc.

Le festival se termine le 7 novembre 2021, mais le parc et ses jardins rentent ouverts toute l’année.

Linda Kaluzny-Pinon

*voir ici sur Lien horticole Chaumont-sur-Loire : Les plantes phares du festival font la fête