Dossier gestion de l'eau Irriguer avec des eaux traitées

La réutilisation des eaux usées traitées sert à irriguer les 12 ha du parc floral de la Source, à Orléans, en évitant de prélever près de 100 000 m³ d'eau dans le milieu naturel.
La réutilisation des eaux usées traitées sert à irriguer les 12 ha du parc floral de la Source, à Orléans, en évitant de prélever près de 100 000 m³ d'eau dans le milieu naturel. ©F. Mélix

Depuis juillet 2023, la station d’épuration de la métropole d’Orléans voit ses eaux usées traitées être réutilisées pour irriguer les espaces verts du parc floral de la Source, afin notamment de réduire les prélèvements dans le Loiret.

Le parc floral de la Source, à Orléans, de 35 ha, est le premier site touristique du département du Loiret, avec pas moins de 130 000 visiteurs payants par an. Jusqu’en 2023, pour l’arrosage des 12 ha d’espaces verts et l’alimentation des bassins d’ornement, il fallait prélever 100 000 m³/an dans la rivière, le Loiret, qui prend sa source dans le parc.

Son niveau moyen diminuant, des questions sur la pérennité des prélèvements ont commencé à se poser. En parallèle, des restrictions de pompage étaient de plus en plus appliquées l’été par décision du préfet.

« Dès 2013, des études de faisabilité ont été réalisées pour explorer la possibilité de réutiliser les eaux traitées de la station d’épuration voisine au parc », se souvient Cédric Morio, de la direction du cycle de l’eau à Orléans Métropole. Celle-ci traite chaque année 1,6 million de mètres cubes d’eaux usées qui sont ensuite rejetées dans la Loire.

Triple objectif et concertation

En 2019, le projet de valoriser les eaux épurées de la station est lancé, avec plusieurs objectifs : arroser les espaces verts et alimenter les bassins d’ornement du parc, mais aussi arroser les espaces verts de la station d’épuration et remplir les camions hydrocureurs des réseaux d’assainissement.

« Ce projet était également l’occasion de valoriser un bassin de décantation d’effluents papetiers présent dans la station d’épuration, souligne Cédric Morio. Cet ouvrage n’était plus utilisé depuis 2015 à la suite de la fermeture de l’usine de papeterie. »

Pour mener à terme ce projet, outre les principaux partenaires concernés, de nombreux acteurs comme l’Agence régionale de santé (ARS), la direction départementale des territoires (DDT) et les usagers du parc ont été sollicités.

Parc floral de la Source, à Orléans. (© F. Mélix)
Parc floral de la Source. (© F. Mélix)

Zone de captage

Par ailleurs, la station et le parc sont dans le périmètre de la zone de captage d’eau potable de la métropole. Des analyses ont été menées pour rechercher la présence de 142 micropolluants. Des études d’impact des eaux traitées réutilisées sur les forages alimentant l’usine d’eau potable du Val ont également été conduites. « Les simulations ont montré que l’arrosage du parc avec de l’eau réutilisée n’a que peu d’incidence sur les concentrations en molécules retrouvées dans l’eau pompée par les forages du Val, précise Cédric Morio. De plus, celle-ci est de meilleure qualité microbiologique que celle du milieu naturel du Loiret. Un suivi analytique de l’eau réutilisée, du cours d’eau et des forages est réalisé avant, pendant et après chaque saison d’arrosage. »

Chaque année, la station d'épuration traite 1,6 million de mètres cubes d'eaux usées, qui sont ensuite rejetées dans la Loire, sauf 120 000 m³ réutilisées pour arroser le parc floral et les espaces verts de la station. (© F. Mélix)
L’eau épurée issue de la station passe par deux filtres à sable (en bleu) qui retiennent les matières en suspension. Elle est ensuite désinfectée aux ultraviolets, puis une injection de chlore est pratiquée. (© F. Mélix)

1,8 M€ de travaux

Pendant l’hiver 2019-2020, les travaux débutent, pour un budget total de 1,8 M€. Une canalisation de transfert entre le réservoir de stockage de la station d’épuration (l’ancien bassin de décantation d’effluents papetiers) et la station de pompage située dans le parc floral est d’abord créée.

De mai 2021 à juin 2022, les travaux entrepris à la station d’épuration aboutissent à la création d’une unité de réutilisation des eaux usées traitées (REUT) : une partie de l’eau épurée issue de la station passe par deux filtres à sable qui retiennent les matières en suspension. Pour éliminer les bactéries, une désinfection aux ultraviolets puis une injection de chlore sont pratiquées. Les eaux ainsi traitées sont ensuite stockées dans un bassin de 450 m³. Ce sont 120 000 m³ d’eaux usées traitées qui sont ainsi réutilisées par an.

Après la publication d’un arrêté préfectoral qui a donné son feu vert, l’utilisation des eaux usées traitées a débuté en juillet 2023. « Le pompage par la station de surpression du parc floral a lieu surtout la nuit, de 22 heures à 7 heures, pour transférer l’eau dans les systèmes d’irrigation », indique Richard Martin, directeur technique du parc floral.

L’utilisation des eaux usées traitées est régie par une réglementation édictée par l’ARS. Les arrosages en présence du public sont ainsi interdits. « Les douze hectares d’espaces verts sont arrosés avant l’ouverture et les bassins d’ornement sont remplis. Sur décision de l’ARS, seul le jet du miroir d’eau reste alimenté par le Loiret en raison de l’effet de brumisation, car des gouttelettes retombent dans la rivière. » Dans ce cas, par principe de précaution, l’idée est d’éviter un risque de con­tamination du milieu naturel. Afin d’éviter le ruissellement des eaux usées traitées, les zones à forte déclivité sont irriguées en fractionné.

Il est également prohibé d’arroser lorsque la vitesse du vent dépasse 30 km/h, pour éviter l’effet de dérive. « L’interdiction portait initialement pour les vents supérieurs à 15 km/h, mais nous avons obtenu une dérogation », révèle Richard Martin. Afin de ne pas disperser des pathogènes, les réseaux sont désinfectés par du chlore pendant vingt-quatre heures, avant la saison d’arrosage, en mars, puis une fois qu’elle s’achève, en novembre.

Parc floral de la Source, à Orléans. (© F. Mélix)

Réseaux dédiés

La métropole d’Orléans projette de nouveaux usages pour recycler les eaux usées traitées. Parmi eux, le nettoyage de voiries et l’arrosage de massifs floraux au moyen de tonnes à eau.

« Ce qui freine le développement de l’usage des eaux usées traitées à d’autres bénéficiaires, outre le coût de fonctionnement de cette production, c’est le coût de construction des réseaux, car ils doivent être dédiés aux eaux usées traitées », rappelle Cédric Morio.

> A découvrir aussi dans ce dossier...

"Gestion de l’eau : un cycle vertueux"

- "Recycler pour sécuriser l'approvisionnement en eau", l'exemple chez le pépiniériste Javoy Plantes (Dossier dans Lien horticole n° 1150 de novembre 2025), et une charte d'engagement de Valhor ;

- "Irriguer avec des eaux traitées" (à Orléans), avec des avantages et obligations des labellisations, et "Maîtriser les excès en ville grâce à la végétalisation", dont à Coupvray (les deux articles dans le Dossier dans Lien horticole n° 1150 de novembre 2025).

Sommaire

Irriguer avec des eaux traitées

    Ce contenu est réservé aux abonnés du Lien Horticole
    Je suis abonné
    Je me connecte
    Je ne suis pas abonné
    Je découvre